Une histoire de fous, John Katzenbach

Publié le par pacocado


Francis Petrel  entend des voix. Le problème est qu'il est le seul à les entendre et que de sucroit il en vient à devenir violent, ou tout du moins menaçant . A 21 ans, il est donc interné et découvre l'univers troublant et sordide des hôpitaux psychiatriques. Là, il y rencontre rapidement Peter, alias "le pompier", incarcére plus pour raisons politiques que psychologiques et qui va devenir son ami.

Vingt ans plus tard, Francis mène une vie presque normale. Presque, car surveillé par ses soeurs et devant avaler quotidiennement une kyrielle de  médicaments , il tente tant bien que mal de ne pas se faire remarquer en menant  une existence paisible et discrète. Il reçoit un jour une invitation à se rendre à une commémoration à l'ancien hôpital et cette visite va réveiller quelques souvenirs pourtant bien enfouis: Peu après son arrivée à l'asile, le meurtre sauvage d'une infirmière   avait été commis, troublant le  très  fragile équilibre de l'hôpital. Francis décide d'écrire toute l'histoire sur les murs de son appartement pour exorciser ses vieux démons.

J'ai d'abord été conquise par ce roman pour son originalité : Francis remonte les temps en écrivant ses souvenirs sur les murs de son appartement, et comme le souligne le titre de la première partie, "Un narrateur sujet à caution",  on est souvent dans le doute quant à la véracité des faits qu'il raconte, forcément empreints d'une certaine subjectivité, d'autant plus que Francis n'est à priori  pas très "sain d'esprit." Il est d'ailleurs dommageable à mon avis que la partie du roman où Francis relate ses souvenirs,  au contraire de la partie  contemporaine,  soient racontés au mode impersonnelle  à la manière d'un narrateur omniscient ce qui rend moins évident la remise en question   de ses popos.
La scène de l'arrivée de Francis à l'hopital et de son entretien avec le médecin est ainsi très réussie: Francis nie être malade devant le médecin, alors même que ses voix lui intiment l'ordre de ne pas se confondre et de tout nier en bloc, de faire semblant d'être saint d'esprit.

"-Est-ce que vous entendez des voix en ce moment?
Dis lui non.
-Non.
- Vous en êtes sûr?
Dis- lui que tu ne sais pas de quoi il parle! Dis-lui que tu n'as jamais entendu des voixT
-Je ne vois pas ce que vous voulez dire. Des voix?
Très bien"

(p.46)

La description de l'univers des asiles est  pour l'instant la meilleure que j'ai lue, loin des stéréotypes et clichés du genre : Les malades sont dangeureux surtout pour eux-même et transparaît à chaque page la solitude extrême dans laquelle ils vivent , où plutôt sont enfermées. Car John Katzenbach réussit à la perfection  à  nous faire comprendre que les hauts murs et fils barbelés ne sont que la seconde prison des malades;,la première et la plus infranchissable  étant leur esprit tourmenté, leurs cauchemars, leurs obcessions et autres angoisses.

Mais Katzenbach a voulu écrire un thriller , ne l'oublions pas, et à ce niveau là, Histoire de fou est  un échec: Certes, l'idée de départ est géniale:  Où se cacher mieux que dans un asile psychiatrique, où la folie devient la norme? Mais cela ne suffit pas, loin s'en faut  et la lecture de ces 750 pages devient laborieuse. Rarement, j'ai autant ressenti autant de frustration  du type   "Tout ça pour ça?" à la fin d'un roman
Une infirmière est sauvement assassiné, et  l'efflanqué , vieil interné que tout accuse est arrêté pour le crime . Une enquêtrice, Lucy Jones, qui traine elle-même un passé de victime, peu satisfaite de cette version débarque dans l'hôpital et aidée de Francis et Peter, va mener l'enquête.
Déjà, cette collabaration est difficilement compréhensible, et nuit à la crédibilité de l'histoire.  Comment et pourquoi Lucy Jones accepte-t-elle de travailler en collaboration avec ces deux malades qui certes semblent sains, mais qui sont toute de même enfermés dans cet asile? Seul les médecins semblent refractaires à cette association et on peut tout à fait  les comprendre.

Pendant tout le récit, l'auteur distille des indices, parfois à l'aide de  ficelles énormes, qui nous promettent un dénouement sensationnel. Je ne veux pas dévoiler la fin, mais sachez que vous serez grandement décus et que l'on en vient à se demander pourquoi l'auteur nous avait dispensé telle ou telle decription ou précision. Une toute autre fin aurait sans doute changé ma vision de ce livre.
J'ai eu très souvent la très nette impression que l'auteur écrivait son roman sans avoir une vision nette et définitive du dénouement et qu'une fois celui-ci arrêté, il n'a pas voulu revenir en arrière.
Une fois commencé, je n'ai pas non plus voulu m'arrêter, révant jusqu'au bout d'un chef d'oeuvre mais quelle perte de temps.....



Premières Phrases:

"Depuis que je n'entends plus mes voix, je suis un peu perdu. Quelque chose me dit qu'elles sauraient bien mieux que moi comment raconter cette histoire.Au moins auraient-elles des opinions, des suggestions et des idées précises sur ce qui devrait passer en premier, ce qui devrait passer en dernie, et ce qu'il devrait y avoir au milieu. Elles me diraient quand ajouter des détails, quand laisser tiomber des informations sans intérêt, ce qui important et ce qui ne l'est pas."

Morceaux choisis:


"Tout cela était incroyablement ordinaire- de manière accablante. Un pâté de maisons ordinaire dans une rue ordinaire habitée par des familles ordinaires qui votaient démocrates, se pâmaient devant les Kennedy et assistaient aux matches régionaux par de chaudes soirées de printemps, moins pour le jeu que pour bavarder. Des drames ordinaires. Des ambitions ordinaires. Ordinaires à tous points de vue, de l'aube au crépuscule. Des peurs ordinaires, des inquiétudes ordinaires. Des conversations qui semblaient indissociablement liées à la normalité. et même des secrets dissumulés sous des apparences ordinaires.  Un alccolique. un mari brutal. Une homosexualité qu'on en eput assumer. Rien que de très ordinaire, tout le temps.
Sauf moi, bien entendu.."
(p381)


« Peter jeta un coup d'oeil vers l'entrée principale de l'hôpital , avec l'énorme grille en fer forgé et les murs de brique massifs. En prison, se dit-il, l'enfermement est toujours une question de temps. Votre peine dépend de ce que vous avez fait. Elle peut-être d'un ou deux ans, ou de vingt ou trente, mais c'est toujours un laps de temps défini, même pour les condamnés à perpétuité, parce qu'on compte en jours, en semaines et en mois. Inévitablement, il y aura une audition de libération sur parole, ou bien le détenu attendra la mort. Ce n'est pas vrai dans un hôpital psychiatrique, parce que la durée de votre séjour y est définie par quelque chose de fuyant, de beaucoup plus difficile à cerner»
(p.390)








Publié dans Thriller

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