Justice blanche, misère noire de Donald Goines

Publié le par pacocado


Quelle claque:  Voici en effet un roman très rapide à lire mais qui reste présent à l'esprit  très longtemps, bien après que les derniers mots par ailleurs bouleversants aient été lus.

Chester Himes est noir et en tant que noir, les probabilités  qu'il soit arrêté, contrôlé et amené au poste sont bien plus élevées que chez ses homologues blancs. Il en fait l'amer constat lorsqu'après avoir été arrêté pour avoir grillé un feu rouge, il va échouer dans les cellules de dépôt de la prison du comté pour port d'armes prohibée et va y passer quelques mois  en attendant de pouvoir être jugé lors de son procès et d'être envoyé dans un centre pénitentiaire. Il y rencontrera Willie Brown qui deviendra son ami et qui tentera avec lui de survivre à cet enfer.

Ces quelques mois qu'il va y  passer vont être l'occasion pour lui de rencontrer d'autres hommes aux prises avec la justice américaine, qui comme lui attendent que leur sort soit délibéré dans des conditions de vie indécentes (20 hommes pour 18 lits) où règnent une brutalité quotidienne et banalisée, où l'ennui devient insoutenable et où des codes précis doivent être respectés si l'on veut tout  simplement survivre. Loin d'idéaliser ses comparses, Donald Goines qui appris  à lire et écrire en prison et qui connaît parfaitement l'univers carcéral, dresse en effet un portrait sans concession des compagnons de cellulle de son personnage principal, qui sont parfois stupides, violents et racistes ( le rapport de domination blanc / noir s'inverse en prison) mais aussi apeurés, désespérés  et en colère.
C'est que  "justice blanche, misère noire" est un véritable pamphlet contre le système judiciaire américain., et les inégalités qu'iD'ailleurs, dès la préface, Donald Goines s'insurge contre le système des cautions, profondément injuste et qui génère une justice à deux vitesse. En effet, aux Etats-Unis, lorsqu'un accusé plaide non coupable, le juge peut autoriser  une mise en liberté moyennant une caution plus ou moins élevé, qui ne sera en aucun cas rendue, et que nombre d'accusés ,  trop démunis et  parmi  lesquels on trouve une forte proportion d'afro-américains, n'ont pas les moyens de payer. Ne leur reste guère le choix  alors que de patienter de très longs mois dans les geôles surpeuplées des prisons pour des crimes parfois mineurs comme c'est le cas pour Chester Himes.
Bref, un roman coup de poing à lire absolument!



Premières Phrases:

"L'avenue Woodwrd était brillamment illuminée, et la brise du soir dissipait les restes de chaleur d'une journée  torride. Les gens se promenaient dans les rues, seuls ou par deux, soulagés d'être délivrés de la température accablante qu'ils avaient dû supporter et qui avaientt atteint 43°C à l'ombre."


Morceaux choisis:

« Chester cligna des yeux tellement la lumière de la salle d'audience était forte. il regarda autour de lui avec curiosité. Il avait fréquenté ces salles toute sa vie, mais il n'avait jamais surmonté la peur qu'elles lui inspiraient. Les hommes en robes noire qui dispensaint leur prétendue "justice" du haut de leur banc l'emplissaient de frayeur. C'était même de la terreur qu'il ressentait , inspirée par le pouvoir sans partage que ces hypocrites exercaient sur les Noirs démunis qui comparaissent devant eux. Il n'avait pas peur de ces individus en eux-mêmes. il se rendait bien compte de leur peu d'importance (tout en reconnaissant qu'ils pouvaient parfois être extrêmement pervers). Mais il craignait leur autorité, le pouvoir de vie et de mort qu'ils tenaint entre leur mains."
(p.25-26)


Publié dans Misère noire

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