berceuse, Chuck Palahniuk

Publié le par pacocado

9782070336890.gifTotalement déjantée et très étrange comme expérience de lecture! Il faut dire que Chuck Palaniuk, auteur de "fight club" est un habitué du genre.

Sur le papier, on pourrait penser que ce bouquin se rapproche de RING, ce film japonais sorti  en   1997 qui relate l'histoire d'une cassette qui une fois visionnée provoque la mort dans les 7 jours qui suive, sauf que dans ce roman, il s'agit...... d'une berceuse, et que la mort est instantanée. Voilà de quoi expliquer bien des morts subites de nourrisson.

En fait, le postulat de départ d'un acte anodin et quasi-quotidien et néanmoins mortel est le seul point commun, les 2 histoires n'ayant rien de comparable, "berceuse" ne versant pas dans l'horreur, mais plutôt dans le glauque.

Ici, un journaliste, Carl Streator, journaliste paumée  toujours en deuil de sa femme et de sa fille  20  ans après leur décès tragique, écrit une série d'article sur la mort subite du nourrisson et  remarque la présence systématique d'un livre de contines sur les lieux des drâmes . Il ne tarde pas à faire un lien entre la berceuse de la  page 27 de ce livre et les morts de ces bébés. Oui, mais la berceuse en question, il l'a lu, et l'a mémorisé. Et il va vite se rendre compte que cette connaissance va se révéler mortelle pour qui croise son chemin et qu'il dispose d'une sorte de pouvoir très très encombrant. Accompagné d'une agente immobiliere spécialisée dans la maison hantée, de sa secrétaire apprentie sorcière  et du copain écologiste radicale celle-ci,  ils se lancent alors à la recherche des exemplaires restants du bouquin à travers les Etats-Unis afin de préserver le monde des effets dévastateurs d'une telle berceuse. A moins que ce ne soit finalement pour chachun d'entres eux pour d'autres raisons...?

 

"Berceuse" mèle les genres et moi que cela exapère habituellement apprécie plutôt ici l'exercice de style. Avec un thême qui verse dans l'ésotérisme , autour des  sorcières, sortilèges, et grimoires, ce roman se révêle finalement d'une modernité saissisante et évoque des thêmes brulants d'actualité: surpopulation, empoisonnement des espèces,  pouvoir des médias, individualisme grandissant qui va de pair avec une solitude accrue de chacun,.. Carl Streator dans une tentative désespérée de se  reconstruire  tente de savoir quel peut être son rôle dans toute cette histoire et celui de ses compagnons.

Un style incisif et percutant, maniant à la perfection les digressions percutantes permet de savourer ce drôle de roman complexe,  et très dérangeant qui est peut-être d'après ce que j'ai pu lire le plus accessible de C.Palahniuk.

 
Premières Phrases:

"PROLOGUE


Au départ, les nouveaux propriétaires prét,ndent qu'ils n'ont jamais regardé le parquet du salon. Jamais vraiment regardé. Pas la première fois qu'on leur a fait faire le tour du propriétaire. Pas quand l'inspecteur leur a fait visiter la maison. Ils avaient pris les mesures des pièces, dit aux déménageurs à quel endroit disposer le canapé et le piano, installer tous leurs meubles et leurs objets, mais ils ne s'étaient jamais vraiment arrêtés pour jeter un oeil au parquet du salon. C 'est ce qu'ils prétendent.

Après ça, le premier matin où ils descendent au rez de chaussée, ils sont là, qui rayent leur parquet en chêne blanc, les mots: FICHEZ LE CAMP"

Morceaux choisis:

« Ces bruits-ooliques. Ces calm-ophobes.[...]

Même dans la salle de bain, même en prenant une douche, vous entendez des bavardages radiophoniques qui couvrent le sifflement de la pomme de douche, les éclaboussures de l'eau dans le bac, et son créopitement contre le rideau en plastique. Ce n'est pas tant que vous voudriez voir tout le monde mort, mais ce serait sympa de lacher la chanson d'"élimination sur le monde. Rien que pour jouir de l'effroi. Une fois que les gens auront rendu leurs sons bruyants hors la loi, tous les sons susceptibles d'abriter un mauvais sort, toute muisque ou bruit qui pourraient éventuellement masquer un poême mortel, une fois cela fait, le monde serait silencieux. Dangereux et effrayé, mais silencieux.." (p.98)

 

"A l'extérieur de la voture, partout, tout était jaune. Jaune juqu'à l'horizon. Pas un jaune citron, plutôt un jaune balle de tennis, de cette matière dont la balla apparaît sur un court de tennis d'un vert éclatant. Le monde des 2 côtés de la grand-route tout de cette couleur unique.

Jaune..

Les rouleaux de grosses vagues de jaune écumant se déplacent dans le vent chaud des voitures de passage, ils s'étalent depuis le gravier du bas côté de la grand-route jusqu'aux collines jaunes. En jetant une lumière jaune dans notre voiture.

(p.161)

Publié dans Inclassable

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