Aucune bête aussi féroce, Edward Bunker

Publié le par pacocado

Max Dembo  sort de prison  sous liberté conditionnelle, bien décidé à se ranger des voitures et faire table rase  des cambriolages et autres erreurs du passé. 
C'était sans compter sur le destin ou plutôt la fatalité mais aussi, ne l'esquivons pas,  sur son irresistible attraction pour la vie de malfrats. Et Max  replonge dans les bas-fonds de Los Angeles, un monde où la violence cotoie la misère certes,  mais le seul monde où Max se sent  exister, où Max sait vivre.

Bon, autant l'avouer de suite, j'ai lamentablement  perdu le précieux papier  sur lequel  j'avais pris toutes mes notes pendant ma lecture. Je ferais donc court, n'ayant plus en tête une bonne partie des mes réflexions d'alors, mais j'en ai gardé l'essentiel:   J'ai absolument adoré ce bouquin encensé d'ailleurs par James Ellroy !!!  Un chef d'oeuvre pour moi que je compare un peu à "justice blanche, misère noire "  de Donald Goines que j'ai lu il y a peu
pour la noirceur du thême  et la liberté de ton évidemment mais surtout pour l'aspect autobiographique du roman  et le fait que dans les deux cas, les auteurs ont découvert l'écriture en prison. Edward Bunker a purgé dix huit années dans les plus féroces prisons américaines, ceci avant de devenir un écrivain reconnu et d’intégrer l’univers très fermé du cinéma (il incarna Mister Blue dans Réservoir Dogs).
J'ai beaucoup apprécié le style dépouillé et sans artifice de Bunker, l'absence de complaisance ou de justification à la manière d'un témoignage implacable et sans concession et cette impression de course effrénée  du héros vers sa perte. Aucune lueur d'espoir, aucune rédemption, aucun avenir dans cette cavale inéluctable.

Un vrai roman noir américain comme je les aime!



Premières Phrases:

"J'étais assis au fond de la cellule, sur la cuvette des toilettes dépourvue d'abattant, en train de faire reluire les hideuses chaussures à bout rond que le règlement accorde aux prisonniers sur le point d'être libérés. Mon esprit exultait d'une mélopée d'allégresse : "Je serai un homme libre au matin." Mais en dépit de mon exultation, la joie de partir après huit calendriers passés en prison n'était pas sans mélange. Je ne lustrais pas tant les horribles chaussures pour en améliorer l'apparence que pour me soulager des tensions. J'étais plus nerveux devant ma libération sur parole aujourd'hui que je ne l'avais été en pénétrant ici il y avait bien longtemps."

Morceaux choisis:

« Je sentis grossir en moi le remords, comme une houle - pas exactement le remords mais l'espoir que l'homme était assuré. Instantanément, délibérement; je me durçis contre de tels sentiments. Je n'avais nul besoin de justification pour ce que j'avais fait, et même si c'état le cas, il était facile d'imaginer le propriétaire sous les traits d'un skyloch ignoble et ladre,  être déporuvu de compassion comme de courage. Je parvins à me faire mépriser l'homme sans même l'avoir vu. C'était un cave, un citoyen réglo et respectuex, partisan convaincu de la peine de mort, un lâche, un chien, une raclure. C'était une condamnation globale, irrationnelle - de celles que lui et ceux de son engeance m'avaient infligées ma vie durant. » (p.233)

" Elle était jolie, avec bien plus qu'un simple physique agréable, don naturel chez toutes les jeunes filles. une rose encore en bouton, dont le destin serait de se faner prématurement. Les choix de son existence étaient tellement limités qu'il était déprimant d'envisager l'avenir." (p.343)

 




Publié dans Polar

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