Le temps de la colère, Tawni O'Dell

Publié le par pacocado

2264035021.08.MZZZZZZZ.jpg Editions 10/18, domaine étranger, 285 pages,  2001

 

 

Harley a 19 ans,  bientôt 20 et il ne laissera personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. Le temps de la colère débute alors qu’il est interrogé par les policiers au sujet d’un crime. Au cours de cet interrogatoire, il se plonge dans ses souvenirs : ceux de son enfance auprès d’un père violent, et ceux plus récents : Après l’incarcération de sa mère pour le meurtre de ce père, il doit s’occuper de ses 3 jeunes sœurs, elles aussi traumatisées et malmenées par le vie. Il raconte son quotidien, ses 2 boulots pour subvenir au besoin de la petite famille, ses visites chez sa psy et sa rencontre avec Callie, une mère de famille qui va devenir sa maîtresse, et par là-même sa bouée de sauvetage, sa bouffée d’oxygène. Mais surtout, il nous raconte sa colère : celle contre son père qu’il n’arrive pas à haïr, celle contre sa mère qui a « fui » le laissant seul, celle contre ses sœurs qui lui rappellent qu’il est désormais un adulte et se doit de se comporter comme tel, et surtout celle contre le destin, si implacable et contre lequel on ne peut lutter. La photo de mariage de ses parents dont il ne parvient à se débarrasser est là pour le lui rappeler. Et Harley exprime cette colère par des phantasmes ultra-gores, un repli sur soi, et une fuite désespérée que ce soit dans le travail, le cynisme ou le sexe.

 

Mais au-delà, le temps de la colère est aussi un livre sur l’amour, mais l’amour qui fait mal, celui d’un enfant battu pour ses parents, celui qui amène à l’inceste ou au sacrifice. Peut-être est-ce pour cela qu’Harley trouve refuge dans les bras de Callie : Nul amour ici, donc nulle souffrance. Seulement du sexe, et l’oubli qui va avec .

 

Il s’agit donc d’un livre bouleversant, émouvant sur un jeune homme qui rentre bien trop vite dans l’âge adulte et ses réalités, mais qui va se libérer aussi par la même occasion  des secrets de famille bien trop pesants et douloureux  et qui réveillera en chacun de nous des émotions troublantes.

 

A déconseiller cependant un long dimanche grisailleux de novembre sous peine de déprime carabinée.

 
Premières phrases:

"Toutes les fois qu'on a essayé de tuer son petit frère Donny, on faisait ça pour rir, skip et moi.C'ets ce que je n'arrête pas de répéter aux adjoints du shérif, et eux ils continuent à disparaîtr, leur gobelet en plastique à la main, pour revenir quelques secondes plus tard  avec encore du café, caler à nouveau leurs grosses fesse sur la table" en fer devant moi et me lancer des regards attristés, soucieux, presque tendres s'il n' y avait pas autant de haine dans leurs yeux.
Ils me disent qu'ils s'en fichent, de SKip et de Donny, que mes conneries du telmos où j'étais gamin ne les intéressent pas, que j'ai vingt ans, maintenant, et que je serai donc JUGE EN TANT QU'ADULTE, des mots qui flottent dans la lumière crue des néons."



Publié dans Misère noire

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article